oeuf

Le Peuple de l’Œuf de Mana

 Perdu dans les montagnes boisées de l’Immense Forêt, se cache une communauté dont peu d’érudits ont entendu parler. Une peuplade à la fois sauvage et sage, inconnue et illustre. Bien sur, c’est Le Peuple de l’Œuf de Mana.

 Ce peuple de cervidés aurait pu passer inaperçu et rester inconnu pendant des siècles, si l’exploratrice Jeanne d’Effeque-Motte ne les avait pas rencontrés lors d’un de ses voyages, et n’avait pas remis le compte-rendu de son expédition à l’Académie Polylogique de La Monsse. Évidemment, le texte en question n’étant pas particulièrement utile pour avoir un meilleur rendement agricole, pour vivre plus longtemps, ou pour mieux faire marcher le commerce, peu de gens s’y intéressèrent ni même le lurent.

 Nous le retranscrirons cependant dans sa version abrégée. La dame d’Effeque-Motte étant une originale, on pardonnera son style particulier.

«  […] Alors, comme je disais, je me frayais un chemin dans les montagnes du Dos Cassé, et, là, je tombe sur des totems, des pièges à animaux, et plein d’autres choses qui disent, ah, là, il y a des gens. Je fouille un peu plus.

Je tarde pas à rencontrer des types, à moitié à poil et du genre sauvages. C’est là que je sors mon calepin, ma plume et mes verroteries. Ils s’en foutent, je les suis, ils m’invitent avec de beaux sourires. Un village. Des huttes, des idoles, des lances, on se croirait dans un livre de Salvatore Erra. Un type en toge vient me voir, me parle ; je comprends rien, mais je souris. On m’offre un siège, et de la nourriture (je pense que c’était de la nourriture ; en tout cas je l’ai mangée ; dégueulasse, une viande indéterminée et de la bouillie bleue). J’observe.

Pensant avoir affaire à de beaux cannibales, je tente timidement de leur fausser compagnie, mais bon ils me retiennent plus ou moins violemment avec leurs gros bras musclés, je décide de rester. On me présente une hutte, je m’y installe, et je chiale parce que j’ai quand même un peu peur. […] »

[…] Ca fera une saison que je suis dans ce village, ce soir ; et Gh’regh, le grand manitou moche, m’a annoncé (je pense) que cette nuit il y aurai un événement spécial. Je connais déjà quasiment tout le monde dans le village, et leurs coutumes aussi. Ils m’ont dit qu’ils voulaient me montrer un truc, d’accord, c’est hyper rassurant. Ça me pète les co[…]

[…]Alors c’était ça, le gros truc fluo au milieu du village ! Et pis maintenant je comprends, leur tatouage à la con, qu’ils ont tous sur le torse… ! Je résume le cérémonial de ce soir…

 C’était une sorte de baptême, si on veut. Une des rares gonzesses avait accouché une semaine plus tôt de triplés, et ce soir-là les trois frangins étaient ridiculement habillés, genre truc officiel. Le gars Gh’regh, en toge tout aussi moche, les a pris l’un après l’autre, et les a présenté devant l’idole fluo centrale, une sorte d’œuf brillant multicolore. Un type a enfoncé une dague bizarre dans l’œuf, et une partie de son contenu, une sorte de gaz épais très lumineux, s’est écoulée sur le premier môme.

Ben il avait pas l’air très content, le petit. Il a été drôlement brûlé et marqué, et il a chialé toute la nuit. La marque qu’il a reçue, en même temps, était plutôt jolie, genre tatouage abstrait sur le bas du cou. Pour le second, pareil, dague, gaz, cris, tatouage. Bizarrement, tout le monde avait l’air à la fois content et déçu, surtout la mère.

Le troisième se fait marquer, pareil, sauf qu’un truc se passe quand il est touché par la lumière. Il ne crie pas, ça à même l’air agréable pour lui. Et ça brille beaucoup plus. Trop. Ça éblouit. Ce que j’ai vu après, je n’en suis pas sûre, mais bon. Le bébé est tout content, il s’agite, son bras se tend vers un buisson, ce dernier se met à fleurir ! Son bras se tourne vers sa mère, envie de calin ou de se faire torcher le cul : la mère hurle, prend feu, et finit en petit tas calciné. Tout le monde crie joyeusement un truc qui ressemble à « Toff Zeelmah !! ». Ils ont l’air heureux, je vais vomir dans un coin. […]

[…] Le petit, à qui on a donné le nom Kansamar après la mise à mort de ses deux frères – un truc protocolaire quand un enfant acquiert des pouvoir de l’Œuf de Mana – , a été pris en charge par Gh’regh, et semble destiné à une haute fonction. Je me mets à comprendre pourquoi il y a si peu de femmes dans le village : si, dès qu’elles tombent enceintes, elles ont une chance sur trois de se faire brûler vives par leur rejeton, ça réduit l’espérance de vie ! […]

[…] Bordeeeel ! Mais quelle connasse je fais ! Un mois et demi à traîner dans le village, à bouffer et à baiser à fond avec les indigènes, et je comprends juste maintenant qu’ils sont juste en manque de pondeuses de mioches d’élite ! Ça fait deux jours que je cours, ils me suivent, et moi je me dis que j’aurais mieux fait de rester à La Monsse. J’ai du retard. […] »

 

Jeanne d’Effeque-Motte

Pour les joueurs acharnés de chiffres de derrière les fayots, je transcris tout ça en règles. Si un personnage, joueur ou non, naît ou est né dans ce village, il est exposé à l’Œuf de Mana, puissante relique vaguement organique contenant de l’énergie magique brute. Une brèche y est percée, l’énergie en sors, et empli le corps du gamin par le cou et s’infiltre éventuellement jusqu’au cœur. Bon, ça ne tue pas, en général. Ça blesse et marque. Et parfois ça offre quelque chose au gamin, des restes de la première éventuelle effusion de magie – ben oui, au début, c’est impressionant, ça crame les poules, la hutte du chef, ou alors ça fait pousser des poils sur mémé, ça crée une Mercedes Benz, etc., c’est un peu aléatoire ; mais l’énergie finit par être assimilée, réduite et enfin, éventuellement, canalisée.

Si les mères meurent souvent, c’est que les bébés ont tendance à les réclamer, en associant le plaisir du pouvoir magique au plaisir du lien maternel, au moment où ils ne maîtrisent pas leur pouvoir.

Les membres du peuple de l’Œuf de Mana sont, mis à part ça, de sacrés guerriers, qui défendent régulièrement leur territoire contre des sorciers avides du pouvoir énooorme contenu dans l’Œuf, ou contre d’autres tribus voisines. 

En terme de jeu, chaque personnage de ce peuple aura soit :

Un rang supplémentaire de Caractéristique, à placer où il veut, en remplacement d’un Pouvoir, donc, plutôt que d’être « Fortiche » ou « Minus », ou quoi que ce soit, il sera  “Peuple de l’Œuf de Mana »

Un seul Pouvoir magique inné et unique (pareil, remplaçant un autre Pouvoir), ne dépendant pas vraiment des règles de magie, mais plus de celles définies avec le MJ préalablement ; et utilisable une seule fois par jour. Il y a des pouvoirs faibles, moyens, et forts, la dépense d’énergie et le temps de récupération est proportionnel à l’intensité du pouvoir.

Exemples de pouvoirs magiques faibles, moyens et forts :

Un pouvoir mineur pourra être n’importe quel truc utile mais pas vital, genre pouvoir teindre un vêtement, faire de la lumière avec son cul, pouvoir boire des bières cul sec, faire des illusions pas trop crédibles…

Un pouvoir moyen sera plus puissant, mais faut pas exagérer : faire pleuvoir, bénir efficacement, changer temporairement de visage, animer des petits objets, etc. sont des exemples de pouvoirs modérés.

Un pouvoir majeur sera impressionnant mais éprouvant. Ça va de la classique boule de feu jusqu’au pouvoir de persuasion « à la Obiwan Kenobi », en passant par la création de nourriture et le pouvoir d’Oracle…

Tout cela est évidemment à voir avec le MJ, dans la limite du raisonnable, pour ne pas créer de Grosbills… Ah oui, et il faut au moins être à moitié cerf pour faire partie du club. Vous plaignez pas, ç’aurait pu être des dindons.